La tribu maudite où les jurons sont monnaie courante
Table des matières
- Introduction
- L'île maudite où chaque mot est un juron
- Découverte de Malaita, une des Îles Salomon
- La barrière de la langue
- La langue des Kwaio : une découverte anthropologique
- Le système de respect des ancêtres chez les Kwaio
- Les tabous linguistiques chez les Kwaio
- Les conséquences de la transgression des tabous
- Les substitutions linguistiques chez les Kwaio
- Les défis de la traduction dans les langues océaniennes
- Conclusion
💣 L'île maudite où chaque mot est un juron 💣
Ah, les voyages ! Quoi de mieux que de partir à l'aventure vers une destination exotique ? Mais cette fois-ci, oubliez les cathédrales et les gratte-ciels. Vous voulez vivre une expérience unique. Alors, vous décidez de vous rendre sur une île perdue au milieu du Pacifique Sud, où chaque mot peut être un juron. Bienvenue à Malaita, l'une des îles Salomon.
Dès votre arrivée, vous réalisez que la communication ne sera pas facile. Votre guide de phrases pour les mers du Sud se révèle inutile face aux regards perplexes des habitants. Mais pas de panique, vous découvrez rapidement que les gestes et les signes peuvent être une forme de communication universelle.
Après avoir appris les mots de base pour la nourriture et les besoins essentiels, vous pensez être prêt à faire face à toutes les situations. Mais lorsqu'il s'agit de commander une deuxième portion de délicieuses tripes de porc, vous franchissez malheureusement une ligne invisible. Les regards de vos hôtes en disent long : vous avez commis une offense en utilisant un mot tabou.
Heureusement, vous êtes abonné à NativLang, l'assurance pour vos urgences linguistiques. Et doublement heureusement, vous n'êtes pas le premier étranger à vous retrouver dans cette situation. Dans les années 1960, l'anthropologue Roger Keesing a vécu avec les Kwaio, le peuple local. Il a découvert quelque chose d'étrange à propos de leur langue : les Kwaio accordent un grand respect à leurs ancêtres et ont mis en place un système de tabous linguistiques.
Lorsqu'un aîné important décède, il a la possibilité de devenir un super-ancêtre, appelé adalo. Dans ce cas, tous ses petits-enfants et arrière-petits-enfants doivent élever des cochons appelés fo'ota pour les sacrifier en son nom. Si les descendants décident d'imposer un tabou sur un mot, ce dernier devient offensant à prononcer en présence de l'adalo. Les personnes doivent alors utiliser un surnom sacré pour parler de l'adalo ou de son cochon sacrifié.
Mais le plus surprenant est que même ces surnoms peuvent devenir tabous à leur tour, créant ainsi une véritable cascade de tabous linguistiques. Les Kwaio accordent une grande importance aux noms, qui sont souvent composés de mots du quotidien. Ainsi, les mots "combat", "poisson" et "argent" figurent parmi les cinq principaux mots utilisés dans les noms masculins et féminins.
Face à ces nombreux tabous, les Kwaio doivent trouver des moyens de contourner ces restrictions linguistiques. Parfois, ils modifient la prononciation des mots pour les rendre suffisamment différents, ou ils empruntent des mots à un dialecte voisin. Dans d'autres cas, ils choisissent des mots similaires pour remplacer le tabou.
Cette expérience sur l'île de Malaita nous invite à réfléchir aux tabous linguistiques dans d'autres langues et aux conséquences de leur transgression. Comment ces tabous sur la désignation des défunts s'inscrivent-ils dans les tabous culturels, les jurons et l'impolitesse présents dans d'autres langues ? Les tabous linguistiques peuvent-ils modifier l'évolution des langues, en particulier dans des communautés isolées comme celle des Kwaio ?
En conclusion, si vous décidez de vous aventurer dans les profondeurs de l'Océanie, n'oubliez pas d'emporter un dictionnaire à jour et d'éviter les mots tabous. Après tout, vous ne voudriez pas commettre la même erreur que notre voyageur maladroit et demander de la nourriture en insultant les habitants. Bon voyage et abonnez-vous à NativLang pour en apprendre davantage sur les langues du monde !